Les trois décident de continuer, car le premier village ou abri est à des dizaines de kilomètres. Il fait nuit, à peu près sept ou huit degrés, le vent souffle, il pleut et ils sont trempés. À l’arrêt, ils risquent l’hypothermie.
Soudainement, au milieu de nulle part, dans ce paysage de boue désolé, parsemé de quelques broussailles, un mirage apparait : une cabine de WC mobile se dresse devant eux.
« Il n’y avait aucune raison qu’elle soit là », raconte Uba. « Pas de constructions dans les environs, pas de village… Absolument rien. Mais ces toilettes étaient là, au milieu du bassin. C’était le seul abri à des kilomètres. Alors nous y sommes entrés tous les trois, et nous y sommes restés assis pendant dix heures. Une expérience… particulière ! »
D’un commun accord, ils décident que la cabine servira d’abri et de lieu de vie pour la nuit uniquement. Si quelqu’un doit aller aux toilettes, il est prié d’aller dehors.
« Je sais que l’idée peut dégouter, mais dans ce genre de course, tu dois nourrir ton corps en permanence. Chaque fois que tu le peux. Nous nous sommes donc retrouvés assis dans ces toilettes, à manger des barres chocolatées et des chips. C’était étrange, mais à cet instant, lorsque tu es assis là, enveloppé dans ta couverture de survie, tu oublies que ce sont des toilettes. »
Il ne leur reste qu’une seule chose à faire : attendre que la nuit passe et que le sol sèche. Ils essaient de partir à 6 h, puis à 7 h, et ainsi de suite. C’est seulement à 9 h qu’ils finissent par abandonner la cabine.